Cela faisait dix ans que je travaillais comme comédien pour diverses compagnies bordelaises et depuis quelques années l’idée de créer un spectacle me trottait dans la tête. Le temps passait…
En janvier 2008, je décidais de mener à bien mon idée ! Quel projet précis ? Je n’en savais rien. Je savais juste que je devais aller au bout de ce désir. C’était devenu une urgence, un besoin profond.
Dans mon esprit, cela prendrait du temps. J’allais travailler dans mes moments de libre, ces moments où je ne travaillerais pas pour mes employeurs habituels.
C’est ainsi que je me mis au travail. Ne sachant pas clairement la teneur de mon projet, j’agissais directement sur le plateau. Instinctivement… Guidé par mes envies de Théâtre !
Cela n’était vraiment pas évident. Il n’est pas facile de travailler seul. Je n’avais pas les moyens de faire autrement. Ou du moins, je pense que je voulais me prouver quelque chose…
Je devais me débrouiller… Un caméscope pour partenaire fantomatique enregistrait mes errements scéniques… quelques masques… de petits textes… beaucoup de rêves… mon projet se précisait. Je voulais créer des scènes courtes et les jouer en plein air, là où les communes me donneraient l’autorisation de me produire. De toute façon, je n’avais pas le choix. Je me voyais mal, démarcher les diffuseurs pour leur vendre un projet que j’étais bien en peine de définir.
Pour être efficace, et totalement inconscient, je fixai une date et invitai des amis à une première ébauche appelée « Brouillon » : Le K, masque larvaire, M. Bourgeon, commedia, mon clown Roland… Autant de choses diverses qui faisaient l’objet d’une discussion à l’issue de la présentation.
De cette première étape, Roland résonnait davantage en moi. Mon projet s’affinait… Je me remis au travail. Je tirais le fil… et réorientais mon projet vers la création de Roland et d’un passage crucial de sa vie. Roland allait être au centre de ma création. Je conviai mes amis pour un deuxième brouillon…
J’avais une vingtaine de minutes de spectacle mais je n’arrivais plus à avancer, il me fallait de l’aide. Je sollicitai une amie comédienne, Emmanuelle Drahonnet, qui accepta de travailler sur ce projet. Son regard extérieur, nos échanges, nos questionnements allaient me permettre de continuer à tirer le fil. Elle sut rentrer dans mon univers. Je n’étais plus seul. Nous avions neuf jours pour préparer Roland.
En juillet 2009, en plein air, à Barsac, je présentais Roland pour la première fois. Le résultat fut très moyen. Emmanuelle et moi dressâmes un bilan objectif et sans concession. Je croyais à une évolution positive du spectacle. Nos points de vue divergeaient… Notre collaboration prit fin. Sans attendre, j’organisais une deuxième représentation. La commune de Hostens m’en donna l’occasion en septembre 2009. Motivé par cette deuxième date, je me remis au travail. M’appuyant sur la première, sur les avis entendus à droite et à gauche et sur mes sensations, je mis en œuvre un certain nombre de modifications afin de clarifier l’histoire. Mais je voulais surtout rendre Roland plus humain, plus attachant, plus sensible bref plus clown… Ce deuxième rendez-vous répondit à mes espérances…
Depuis cette étape, une douzaine de représentations se sont succédées…Je continu avec un immense plaisir à améliorer Roland. Je cherche… Je vais à l’essentiel… J’ajoute ou j’enlève tel détail…. Le public est là… Le temps est suspendu… Roland arrive…
Fabien Lalaux
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.